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Maroc

Destination le Maroc !

En 2009, j’avais 21 ans et je prenais l’avion pour la 1ère fois : je partais habiter 6 mois au Maroc (comme vous pourrez le constater, je ne fais jamais les choses à moitié ! 😀 ). Le Maroc est très vite devenu mon pays de cœur. J’y retourne au moins une fois par an depuis (faites le calcul !), et je me suis d’ailleurs rendue compte que je disais souvent « je rentre au Maroc ». C’est mon 2e pays, pour ne pas dire mon 1er, celui où je me sens chez moi, où un sentiment de plénitude envahit mon corps dès que je pose le pied en dehors de l’avion… Je connais le pays dans ses moindres recoins, mais je prends toujours du plaisir à le redécouvrir. Ses habitants me touchent autant que ses paradoxes me fascinent…

Si tu as de nombreuses richesses, donne ton bien. Si tu possedes peu, donne ton coeur.

Proverbe marocain

Mes voyages au Maroc

Mes 3 coups de coeur au Maroc

Bin el Ouidane

Pour le contraste entre l’eau turquoise du lac et la roche ocre intense, et ce sentiment de quiétude

Sahara

Pour le sentiment de n’être qu’un grain de sable sur Terre, et la magie des levers et couchers de soleil

Vallée de l’Ourika

Pour les merveilleux tajines de légumes qu’on déguste les pieds dans l’eau, et les frigos naturels entre les cascades

Quand voyager au Maroc ?

  • Juin à septembre : (très) chaud et sec (pas de pluie) dans tout le pays. Saison idéale pour visiter la côte Atlantique (25-35°C), mais pas pour visiter l’intérieur des terres (à Fes, Marrakech, et dans le désert, les températures peuvent grimper jusqu’à 40-50°C).
  • Mars à mai, et octobre-novembre : chaud (20-30°C) et sec (peu de pluie) : c’est la saison idéale pour visiter l’intérieur des terres, et éventuellement la côte atlantique avec un petit risque de pluie.
  • Décembre à février : doux (10-15°C) et risque de pluie, voire de neige sur les hauteurs. L’intérieur des terres est agréable, même si les températures peuvent être négatives la nuit.
  • A toutes les saisons, il y a un écart thermique plus ou moins important entre le jour et la nuit : même en été, prévoyez une petite laine dans la valise.

 

Quel budget prévoir si vous voyagez au Maroc ?

$$ 30/100

Le coût de la vie dans les grandes villes, Marrakech en tête, a pas mal augmenté ces dernières années, celles-ci devenant de plus en plus « bobos ». Parfois, les prix sont ceux de la France. En revanche, dès lors que l’on s’éloigne des villes et que l’on part à la découverte de zones plus rurales et moins touristiques, on retrouve des tarifs plus raisonnables, voire vraiment bon marché.

Instant culture pour approfondir

Le mot

– Hchouma –

Le terme « hchouma » est difficile à décrire car son sens varie de la pudeur à la honte, en passant par le qu’en dira-t-on. En général, il fait référence à un sentiment de honte et de transgression, qui se base sur les normes culturelles, religieuses et sociétales. Il y a d’un côté ce qui est permis et de l’autre ce qui est hchouma (honteux) et halam (pêché).

« Wili hchouma ! » Quel Marocain n’a pas été un jour pétrifié sur place par cette injonction impérieuse prononcée d’une voix menaçante par sa mère, son père ou sa grand-mère, le sourcil froncé et le doigt appuyé sur la joue ? Tous les sujets sont soumis à la potentielle hchouma : la manière dont on s’habille, dont on se tient, le trop plein d’honnêteté, le fait de sortir le soir ou pas, le fait de fréquenter (même amicalement) des personnes du sexe opposés, le divorce…

« Hchouma » pèse sur les libertés individuelles. Brandie comme une menace, c’est la limite à ne pas franchir, dont il est compliqué de s’affranchir…

Un peu de lecture

Hadj Ahmed, un riche commerçant marocain, a déjà 7 filles. Lorsque son 8e enfant naît, il s’agit à nouveau d’une fille, Zahra. Il décide alors de mentir à tous et de déclarer qu’un fils est né, qu’il prénomme Ahmed. Découvrant au fil de son enfance le mensonge dont il est l’objet, Ahmed choisit d’assumer le choix de son père, de vivre en homme et d’épouser une autre âme perdue, une femme qui deviendra sa complice dans une vertigineuse descente aux enfers de ce mensonge social fou.

A la fois biographie et conte, la beauté du livre réside dans les cahiers écrits par Ahmed-Zahra la nuit, récités par un griot aux passants curieux, dont le lecteur fait partie, et qui deviennent à la fin acteurs du récit (on imagine très bien les conteurs de la place Jemaa el Fna d’ailleurs !). Quête d’identité et questions de genre, société marocaine hypocrite et patriarcale, frontière entre conte et réalité, rôle de l’oralité et de l’écrit, ce roman c’est un petit peu tout ça mélangé. De beaux ingrédients pour un conte philosophique et spirituel réussi !

Maroc - Livre - Nos parents nous blessent avant de mourir, My Seddik Rabbaj

Habiba est née dans le Maroc des années 1950, à Marrakech. Au lycée, elle tombe amoureuse de Taoufik, et sèche les cours pour le retrouver : ils passent le plus clair de leur temps ensemble, jusqu’au jour où la famille et la tradition se dressent contre son beau rêve éveillé. Elle est mariée de force à un tanneur pour sauver l’honneur de la famille. A peine sortie de couches, Habiba fugue et part seule en direction de Safi. Sur fond de Marche verte pour la reconquête du Sahara, orchestrée par le roi Hassan II, Habiba redevient maître de sa vie et construit son destin, imposant son indépendance et transmettant à ses filles son courage et sa liberté.

Ce livre, c’est le portrait d’une femme exceptionnelle, aux mille vies, mais c’est aussi celui du Maroc. My Seddik Rabbaj nous fait vivre un moment historique (la Marche verte) de l’intérieur, et nous conte dans un style doux et mélodieux une société marocaine en mutation. My Seddik Rabbaj est un ambassadeur de la cause féminine de son pays. Alors forcément, ce roman est un hommage rendu à toutes les femmes martyres de l’hégémonie des hommes.

Zainab Fasiki est une révoltée, intelligente et douée. Titulaire d’un BTS en mécanique (classée 1ère de la filière dans tout le Maroc) et ingénieure en électricité, elle prouve dès son plus jeune âge sa volonté de lutter contre les stéréotypes genrés. Passionnée de dessin, elle crée sa 1ère BD à l’âge de 16 ans. A 19 ans, elle fait une dépression à cause des discriminations sexistes qu’elle subit dans le milieu de la mécanique et dans la rue, et à cause du contrôle de sa famille, et s’en sort grâce au dessin.

Elle décide alors de lancer son projet Hshouma, qui vise à briser les tabous de la société marocaine, et surtout à changer la façon de voir la nudité et les femmes. Sont abordés le rapport au corps, à sa diversité, au genre, le rapport à la sexualité, la place de l’éducation sexuelle au Maroc, la notion de consentement, les moyens de se protéger des MST, la sexualité dans et hors mariage… Il s’agit d’une sorte de manuel illustré et d’outil de sensibilisation dont le contenu devrait être acquis par tous pour vivre en paix et en harmonie (et pas qu’au Maroc !). Je ne vous le conseille pas forcément si vous êtes déjà très sensibilisés sur ces sujets, mais si ce n’est pas le cas, ou si vous souhaitez l’offrir, c’est vraiment un bel objet !

Dans son 1er roman, « Dans le jardin de l’ogre », Leïla Slimani racontait comment Adèle, jeune épouse et mère de famille, sombrait dans l’addiction sexuelle. Un roman cru et audacieux pour une autrice musulmane. En tournée au Maroc pour la sortie de son roman, Leïla Slimani rencontre ses lectrices, et écoute la parole d’une société marocaine hypocrite, où la jeune fille et la femme n’ont que deux alternatives : vierge ou épouse.

Dans ce livre, Leïla Slimani retranscrit les témoignages de femmes qu’elle a recueillis, sans fard ni tabou, sur une vie sexuelle plus subie et cachée qu’assumée et épanouissante. Car au Maroc, la loi punit et proscrit toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l’homosexualité et la prostitution. Apportant à chaque témoignage son regard analytique, questionnant les pratiques et les traditions, l’autrice fait du livre « Sexe et Mensonges » une confrontation essentielle avec les démons intimes du Maroc et un appel vibrant à la liberté universelle d’être, d’aimer et de désirer.

A lire absolument, comme les autres romans de l’autrice : « Dans le jardin de l’ogre » et « Chanson douce ».

A regarder pour vous faire une idée

Film

Ce film est le double portrait de deux femmes marocaines : Abla, veuve et mère d’une fillette de 8 ans, qui tient un magasin de pâtisseries marocaines, et Samia, une jeune femme enceinte qui frappe à sa porte un soir, son gros ventre en forme de péché. Le scénario de ce 1er long métrage de Maryam Touzani lui a été inspiré par son histoire personnelle : quand elle était enfant, sa famille avait accueilli une jeune femme enceinte de qui elle s’était liée d’amitié.

La réalisatrice aborde une condition féminine précaire toute en subtilité et même en douceur. La mise en scène propose de vrais moments de grâce ; des scènes rustiques dont la composition et la lumière nous rappellent les tableaux de Vermeer ! Adam est un huis-clos avec quelques échappées dans la médina de Casablanca filmées avec amour. C’est surtout un hommage aux femmes du Maghreb, à leur courage et à leur dignité dans une société toujours patriarcale avec laquelle elles se débattent. Le jeu des deux actrices principales est d’une justesse incroyable. Sans oublier la fillette solaire qui contribue à la communication entre ces deux femmes blessées.

Film

Le film montre le quotidien de Noha, Randa, Soukaina et Hlima, prostituées à Marrakech, filant de palais privés pour milliardaires saoudiens à de médiocres boîtes de nuit pour Européens ivres et friqués. Profitant d’un système qui les utilise tout en les condamnant, elles tentent de survivre et rêvent d’un avenir meilleur.

A sa sortie, le film a fait grand bruit. Il a été interdit au Maroc, le réalisateur et les actrices ont reçu des menaces de mort, l’actrice principale a été agressée et a dû quitter le Maroc… Nabil Ayouch nous force à regarder une réalité dérangeante, et rien que pour la réaction que cela a provoqué au Maroc, il doit être vu. Le film d’Ayouch témoigne des nombreux tabous (prostitution, pédophilie, drogues, alcool, homosexualité, misère sexuelle, police corrompue…) d’une société en plein déni, malade de ses maux mais refusant de les regarder en face, de les comprendre et de les solutionner. Une réalité passée sous silence qu’Ayouch révèle dans toute sa violence et ses contradictions.

Film

Le film se déroule à Casablanca et raconte l’histoire de la jeune Sofia qui, suite à un déni de grossesse, découvre le jour de son accouchement qu’elle est enceinte. Accompagnée par sa cousine Lena, elle se rend à l’hôpital qui lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités (la grossesse hors mariage étant illégale au Maroc). Lorsque la famille de Sofia rend visite à celle du jeune homme, on comprend qu’il s’agit moins d’obtenir réparation que de négocier une issue avantageuse pour tout le monde…

Peu à peu, la réalisatrice dévoile la personnalité de Sofia, qui se révèle plus sombre qu’innocente : la fille désœuvrée du début se mue en un être complexe, qui inspire bien d’autres sentiments que la compassion. L’histoire se révèle infiniment plus ambiguë que le cas social qu’on a cru deviner. Il s’agit d’une glaçante vue en coupe d’un système social si cruel qu’il transforme tout le monde en monstres, y compris les victimes. Et le jeu des actrices principales est à saluer.

Film

Le film se passe dans une famille bourgeoise de Tanger qui se retrouve à l’occasion de la mort du patriarche. Le film retrace les 3 jours de l’enterrement (c’est d’ailleurs instructif en termes de coutumes). Les 3 filles ont pris des chemins différents, et ne s’étaient pas retrouvées depuis longtemps, ce qui va donner lieu à quelques règlements de comptes… Comme dans toute famille, on s’engueule beaucoup mais on s’aime encore plus.

Le jeu des actrices (le casting est essentiellement féminin) est assez inégal et les dialogues peuvent parfois paraître un peu superficiels, mais il s’agit d’un film « feel good » à regarder comme tel. Et surtout, ce film montre une autre réalité du Maroc que celle que l’on voit traditionnellement dans les films marocains : celle des familles aisées, ayant accès à l’éducation, tiraillées entre l’Occident et leurs traditions marocaines. Le film est à l’image de ce qui se passe au Maroc actuellement : certaines personnes osent petit-à-petit changer les choses, tandis que la majorité essaie de les faire taire. Un film sur une société marocaine résolument contemporaine !

Film

Film - Maroc - Ali Zaoua prince de la rue

Le film « Ali Zaoua, prince de la rue » est sorti en 2000 et raconte l’histoire d’un groupe d’enfants des rues qui vit sous le commandement de Dib, un adolescent muet et sans scrupules. Ali Zaoua et ses amis Kwita, Omar et Boubker décident de s’émanciper de l’autorité de Dib et s’installent sur le port. Ali Zaoua, le leader de la bande, rêve de devenir marin pour faire le tour du monde et trouver « l’île aux deux soleils ». Mais lors d’une rixe avec la bande de Dib, Ali Zaoua est tué et ses amis se mettent en tête de lui offrir un enterrement digne d’un prince. S’en suit une aventure faite d’errances et d’onirisme, sur fond de snif à la colle.

La pauvreté est le personnage central de ce film d’une force incroyable. Nabil Ayouch (mon réalisateur marocain préféré) filme cette bande de gosses (qu’il a « recrutés » dans les bidonvilles et qui ne sont pas acteurs professionnels) avec un puissant réalisme. Sans filtre aucun, il réalise un film à la fois d’une grande violence et d’une grande poésie, qui dénonce les inégalités sociales de la société marocaine. On passe du rire aux larmes, de la tendresse à l’indignation, et ce du début à la fin. Une ode à l’enfance, une fable bouleversante, un portrait sans concession : un film culte à voir et revoir sans modération.

Film

Film - Maroc - Le bleu du caftan

Halim et Mina tiennent en couple une petite boutique de caftans traditionnels dans la médina de Salé, proche de Rabat. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité, dans une sorte d’entente intime qui ne regarde pas le monde extérieur. Mais deux éléments vont perturber cet équilibre : la maladie de Mina qui progresse, et l’arrivée d’un jeune apprenti à la boutique.

« Le bleu du caftan » est un film quasiment en huit-clos, un film sur l’amour du métier d’artisan (la beauté du travail manuel et les gestes d’antan sont magnifiés à l’écran, presque envoûtants), sur l’acceptation et la tendresse entre les êtres. Le film construit de façon lente les rapports entre les personnages, leurs désirs et leurs frustrations. Des mains qui se touchent, les grains de peau dans le hammam, un regard qui fuit ou le suc des mandarines sur la langue… ce film est d’une sensualité, d’une pudeur et d’une esthétique rares ! Un vrai petit bijou, et je pense le plus beau film qu’il m’ait été donné de voir ! Et quand la tragédie prend le dessus, c’est un final sublime et d’une noblesse rare qui nous est offert : préparez les mouchoirs… Merci Maryam Touzani pour ce film incroyable.

Comptes à suivre

  • @travelmorocco : un bel aperçu du pays en photos(shopées).
  • @myriammourabitdesign : designer marocaine, qui transforme tout ce qu’elle touche en or fin !
  • @argument.bijoux : Anne-Sophie, créatrice de bijoux (aux couleurs du Maroc) française installée à Marrakech.
  • @mariebastidestudio : décoration, mode, design, photo, la Marrakchia Marie Bastide touche à tout, et avec goût !
  • @chabichicmorocco : LA marque de design d’intérieur marocain par excellence, tendance bobo chic !
  • @lahandira : pour admirer la diversité des beaux tapis marocains.
  • @aitmanosmorocco : pour en prendre plein les yeux avec les couleurs et l’artisanat des zelliges marocains.
  • @amazircheval : pour de belles balades à cheval dans la région d’Essaouira et des grands galops sur la plage.
  • @concertmaroc : toute l’actualité musicale du Maroc.
  • @mlleamarrakech : la boutique de mon amie Mouna, pour retrouver un condensé de Maroc à Paris !

Recettes de là-bas

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