Homosexualité en Égypte, entre Histoire, Réalité et Conseils
Homosexualité en Égypte : entre traditions oubliées et réalités d’aujourd’hui
Quand on pense à l’Égypte, on imagine les pyramides, la croisière sur le Nil, les temples mais aussi une société totalitaire et conservatrice qui peut parfois intimider. Ce qu’on sait moins, c’est que cette image figée masque une histoire bien plus surprenante. Car si l’homosexualité en Égypte d’aujourd’hui est souvent associée à la répression de la communauté LGBTQ+, il fut un temps où certaines pratiques homosexuelles étaient non seulement tolérées, mais pleinement intégrées à la vie locale. La tradition oubliée des mariages homosexuels à Siwa en est sans doute l’exemple le plus fascinant ! Dans cet article, je vous invite à remonter le fil du temps : entre traditions oubliées, réalités contemporaines et conseils concrets pour voyager sereinement en tant que couple homosexuel en Égypte. Car non, votre orientation sexuelle ne devrait pas être un frein à l’envie de découvrir ce pays et ses merveilles antiques… ou tout simplement de vous empêcher de voyager par crainte !
Siwa et les mariages homosexuels : une tradition oubliée
Perdue au cœur du désert occidental égyptien se trouve une oasis un peu à part : Siwa. Un décor de carte postale où le calme apparent cache une histoire étonnante longtemps oubliée (ou plutôt, volontairement effacée). Du fait de son isolement, Siwa a développé au fil des siècles ses propres règles, ses propres traditions… et même ses propres unions.
Parmi elles, une pratique que l’histoire officielle aurait préféré faire disparaître : les mariages entre hommes. Officiellement, publiquement, sans que cela choque qui que ce soit. Incroyable à imaginer dans l’Egypte d’aujourd’hui. Et pourtant, c’est vrai.
Ces unions entre hommes étaient reconnues par la communauté et faisaient l’objet de véritables mariages officiels. Et détail frappant : la dot versée pour un mariage homosexuel était souvent plus élevée que celle d’un mariage hétérosexuel. Autrement dit, ces unions avaient un poids social et économique réel !

Mais d’où venait cette tradition singulière ? Contrairement aux autres oasis d’Égypte, Siwa est située à plus de huit heures de route du Caire, coupée du monde par des étendues de dunes à perte de vue (et encore, il faut imaginer au XIXe siècle sans routes ni voitures !). Ce contexte d’extrême éloignement a donné naissance à une société à part, avec ses propres codes, ses lois, sa langue, ses coutumes — ici, tout fonctionnait différemment.
Et surtout, cet éloignement géographique rendait difficile le renouvellement de la main-d’œuvre locale. Pour faire face aux besoins agricoles, les riches propriétaires faisaient venir des travailleurs extérieurs, souvent jeunes, seuls, et sans attaches : les zaggala, aussi appelés “porteurs de bâtons”. Ces hommes étaient chargés de la récolte des dattes et des olives et devaient aussi assurer la garde des vergers la nuit. Un travail exigeant, qui nécessitait une disponibilité totale. Pour cette raison, une règle stricte leur était imposée : rester célibataires entre vingt et quarante ans. Et ce n’est pas tout : après le coucher du soleil, l’accès à la ville leur était interdit, les reléguant à une vie isolée uniquement entre hommes. C’est dans ce cadre que des mariages homosexuels étaient acceptés, et légalisés.

Mais cette liberté a fini par déranger. À partir du XIXe siècle, les premiers explorateurs européens arrivent à Siwa. Certains britanniques rapportent ce qu’ils ont vu, parfois fascinés, souvent scandalisés. Et comme toujours depuis la nuit des temps, ce qui ne rentre pas dans les cases occidentales devient “immoral”, “déviant”, ou “sauvage”. Alors, au nom de la “civilisation”, les Britanniques font pression pour mettre fin à ces pratiques. Ils imposent peu à peu leur morale, leurs lois, et leur vision de la sexualité. L’élite égyptienne, en quête de respectabilité aux yeux de l’Europe, emboîte le pas.

Mais le véritable tournant survient en 1928, lorsque le roi d’Egypte Fouad Ier visite l’oasis. Scandalisé par les pratiques locales qu’il juge contraires à l’ordre moral, il ordonne leur interdiction immédiate. Les mariages homosexuels sont alors abolis par décret royal. Mais comme souvent, ce qui est interdit ne disparaît pas du jour au lendemain. Les unions entre hommes se poursuivent discrètement pendant encore quelques années, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Puis, peu à peu, elles s’effacent, étouffées par la pression des normes religieuses, sociales et politiques.
Aujourd’hui, ce pan entier de l’histoire de Siwa a quasiment disparu des mémoires officielles. Mais quelques récits, murmurés à voix basse par les anciens, continuent de le faire vivre. Comme un rappel que, bien avant que le monde ne décide ce qu’il fallait penser, on pouvait aimer autrement, et c’était normal.
Homosexualité en Égypte : un traitement différencié entre locaux et touristes
La condition des homosexuels en Égypte aujourd'hui
L’Égypte est (malheureusement) un pays sous un régime autoritaire où la répression est présente à tous les niveaux. Ce n’est pas seulement la communauté LGBTQ+ qui subit cette répression, mais aussi toute forme de contestation politique. Les journalistes, les militants, et même les citoyens qui osent critiquer le régime sont souvent dans le collimateur des autorités. Les réseaux sociaux sont scrutés, et les autorités n’hésitent pas à utiliser des méthodes intrusives pour surveiller et réprimer.

En 2017, par exemple, lors d’un concert du groupe libanais Mashrou’ Leila dont le chanteur Hamed Sinno est ouvertement gay, a provoqué un véritable scandale en Égypte. Pendant le concert, des membres du public ont brandi des drapeaux arc-en-ciel, symbole bien connu de la communauté LGBTQ+. Cela a suffi à attirer l’attention des autorités, qui ont immédiatement lancé une série d’arrestations. Au moins 22 personnes ont été arrêtées et accusées de “comportements immoraux” simplement pour avoir assisté au concert ou pour avoir montré leur soutien à la communauté LGBTQ+. Certains ont été condamnés à des peines de prison, tandis que d’autres ont été victimes de tortures. Un rappel brutal que l’homosexualité est toujours perçue comme un crime par les autorités locales.

De plus, les réseaux sociaux sont surveillés de près, et la police locale n’hesite pas à s’inventer des faux profils sur Grindr (application de rencontre gay) pour intercepter les personnes LGBTQ+ utilisatrices de l’application, les “interroger”, les torturer, les emprisonner et j’en passe. Alors, si vous voulez mon avis, les applications de rencontres homosexuelles, bien qu’utilisées dans le monde entier, sont particulièrement à éviter en Égypte (je vous conseille plutôt de profiter des paysages !).
Voyager en Egypte en tant que couple homosexuel : des conseils ?
L’Égypte est un pays où la répression est bien présente ; cependant, il est important de préciser qu’il existe une réelle différence entre la manière dont les autorités traitent les locaux et les étrangers, notamment les touristes qui bénéficient d’un certain degré de tolérance, bien que cela ne signifie pas qu’il faut ignorer les règles sociales locales. Cela veut dire qu’en étant discret et respectueux des coutumes, il est tout à fait possible de voyager en Égypte sans aucun problème, je vous l’assure !
Mais voici tout de même quelques conseils pour passer un bon séjour sans stress :
- Éviter les gestes affectueux en public : Bien que vous soyez en couple, il est inenvisageable de vous tenir la main ou de vous embrasser en public (pour les embrassades, c’est également proscrit pour les couples hétérosexuels).Un peu de discrétion vous évitera bien des tracas.
- Se présenter comme des ami(e)s plutôt qu’un couple : Dans les lieux publics, avec des locaux ou les guides, il est plus simple de vous présenter comme des ami(e)s, surtout si vous ne souhaitez pas attirer l’attention.
- Adapter vos demandes en fonction du type d’hôtel : Si vous logez dans un hôtel 5 étoiles, il n’y a généralement pas de problème à demander un lit double, cependant dans des hôtels plus simples et traditionnels comme des guesthouses, il vaut mieux opter pour des lits jumeaux, que vous pourrez éventuellement rapprocher vous-mêmes une fois dans votre chambre. Pour les couples de femmes, aucun souci pour partager un lit double dans tous les cas.
- Évitez les conversations sur l’homosexualité : Il est préférable de ne pas aborder ce sujet avec les guides ou autres locaux, car cela pourrait entraîner des situations et discussions embarassantes.
En bref, rien de trop compliqué, il suffit simplement de ne pas faire étalage de votre vie privée pour respecter les coutumes locales. Voyager en tant qu’homosexuel en Egypte est tout à fait possible et si vous êtes habitué à ne pas être trop démonstratif en public, cela ne devrait pas trop changer de votre quotidien ! Vivons heureux, vivons cachés comme dit si bien le dicton !

L’Égypte est un pays complexe, où l’histoire se mêle à une réalité bien plus dure pour les personnes LGBTQ+. Pourtant, malgré la répression, il existe des moyens d’explorer ce pays fascinant en toute sécurité. En comprenant le contexte culturel et en adoptant un comportement discret, il est totalement possible de profiter pleinement en tant que couple gay en Égypte. Bien que la situation reste délicate, le pays possède un patrimoine inestimable. Alors, si vous êtes prêt à naviguer entre passé et présent et à rester respectueux des règles locales, l’Égypte peut vous offrir une expérience inoubliable ! Si vous souhaitez partir en Egypte l’esprit tranquille, je vous propose de vous accompagner dans l’organisation de votre voyage. En tant que travel planner, je vous aiderai à créer un itinéraire sur mesure, adapté à vos besoins, pour un séjour serein !

